HOMMAGE: Ghylaine, Claude, René, Patrick, Yvan et les autres...

Publié le par lou-de-louise

Ce 2 novembre dernier l'information est tombée laconique, claquant comme un coup de trique sur les téléscripteurs des agences de presse mais terrifiante...Deux journaliste de Radio France Internationnal (RFI) Guylaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés à Kidal, ville du Mali puis froidement exécutés avant que leurs dépouilles criblées de balles ne soient retrouvées et abandonnées en plein désert à une douzaine de kilomètres de la ville .

Branle- bas de combat dans le microcosme de l'information mais aussi stupéfaction, incompréhension et effroi à travers l'hexagone pour ces deux professionnels du monde de la carte de presse mais aussi de celle géopolitique de l'Afrique désormais morts "au combat" . Une disparition brutale qui vient s'ajouter selon les statistiques de Reporter Sans Frontières aux quelques 43 autres disparues pour la seule année 2013 dont quelques 183 prisonniers de rebelles actuellement à travers le monde. Mais bien avant eux aussi une situation qu'on a déjà connue à travers l'absence récurrente provoquée par les morts prématurées de René Puissesseaux et Raymond Meyer grands reporters à l'ORTF assassinés lâchement le 7 juillet 1970 à Siem Peat , au Cambodge , juste trois mois après celles de Claude Arpin de Newsweek et de Guy Hannonteaux de l'Express les 5 et 6 avril 1970 à Svayring, puis de Patrick Bourrat , reporter de guerre à TFI , le premier mort à Koweit lors de la guerre du Golfe le 22 décembre 2002 sans omettre celle d'Yvan Scopan caméraman de TFI à Moscou, d'Olivier Quemeneur disparu en 1994 dans un attentat à Alger ou encore de jean-Claude Jumel de TFI.

La presse paie un lourd tribut dans sa quête de l'information au delà des frontières et l'exercice de l'information à travers son Investigation semble devenue un véritable parcours du combattant. Car les zones de conflits sont devenues de plus en plus dangereuses et nécessitent en amont mais aussi en aval des prises de mesures d'extrême prudence prises par les rédactions selon les conseils diffusés notamment par les Ministères de la Défense et des Affaires Étrangères qui doivent être impérativement respectées. Ce qui n'est pas une mince affaire dans leur retranscription et projection quand, à la liberté de l'information s'ajoute la rapidité et l'exclusivité de cette dernière.

Il semble en tout état de fait et cause que Ghylaine Dupont et Claude Verlon étaient des journalistes "aguerris de l'Afrique" et n'en étaient pas à leur première incursion ni à leur premier "déploiement "sur le terrain. Concernant leur présence sur le terrain africain Guylaine Dupont et Claude Verlon étaient missionnés par leur rédaction RFI dans l'optique d'une émission spéciale consacrée au MALI qui devait être diffusée les 7 et 8 novembre . Conscients du contexte de la présence française au Mali justifiée par l'opération SERVAL, ils "évoluaient" sous protection de la MINUSMA* mais comme le confirmait un de leur collègue, ils étaient indépendants à Kidal.

Arrêt sur une bien triste image: celle d'un véhicule abandonné en plein désert.

En ce qui concerne le drame survenu à Kidal, le colonel Jaron , porte-parole de l'Etat major de la Défense expliquait lors d'un point presse le déroulé des faits tout en précisant que la France n'était pas "chargée par la FAMA appuyée par la MINUSMA de " la sécurité de Kidal".

" Après notre vérification de l'information de l'assassinat par un ressortissant malien à 13H30, nous avons procédé à trois séries de mesures. Celle de la mise en place d'une surveillance étroite des sorties ouest et nord de la ville de Kidal, suivi par un engagement d'une section de nos forces composée d'une trentaine d'hommes 30 minutes après notre connaissance de l'enlèvement sur une ligne Kidal, Te n Essako.

A 14H30 sur l'axe Kidal/ Ti n Essako équidistant de 200 kilomètres, la patrouille a vu la voiture qui portait les deux journalistes. Après la fouille d'usage du véhicule la patrouille a découvert à 14H50 ( heure locale) les deux ressortissants français sans vie. Ensuite deux hélicoptères Tigre et Puma ont décollé pour une reconnaissance sur zone à des fins de localisation vers Tessalit, soit 45 minutes après la découverte aidée par les prévôts de la Gendarmerie en appui . C'est alors que les dépouilles ont été évacuées. "

Au lendemain de l'assassinat perpétré contre nos deux confrères qui fait désormais l'objet d'une enquête préliminaire pour " des faits d'enlèvement et séquestration suivis de meurtres en lien avec une entreprise terroriste" lancée par le parquet de Paris et confiée à la Direction Centrale du Renseignement Intérieur ( DCRI) et à la Sous-Direction anti-terroriste ( SDAT) , le 3 novembredernier le Ministère de la Défense dans le cadre de l'opération SERVAL augmentait de 150 hommes l'effectif de 400 déjà déployés sur le terrain sur un axe Gao/Kidal qui a toujours pour mission la reconnaissance des civils et leur sécurisation .

Il n'empêche qu'aujourd'hui RFI est en deuil et à travers la station de radio internationale, l'ensemble total de la profession . Une hommage à l'égard de ses deux voix qu'on a fait taire au péril de leur vie et qu'on n'entendra plus désormais , s'imposait.

Mais le combat de la profession livré à travers le monde par tout ceux qui luttent au quotidien et au péril de leur vie quand on veut souvent les faire taire , pour certains en pleine lumière pour d'autres dans l'ombre, lequel mené pour la liberté d'expression et contre toute forme de pressions physiques mais aussi morales doit continuer.

LOUISE DE LOU

NB: MINUSMA*: ou "Mission multi-dimentionnelle intégrée des Nations-Unis pour la stabilisation au MALI. Celle-ci correspond à une opération de maintien de la paix des Nations-Unis au Mali qui intervient dans le cadre de la Guerre au Mali et a été crée le 25 avril 2013 par la Résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations-Unis.

La MINUSMA pris le relais de la Mission Internationale de soutien au Mali sous conduite africaine ( MISMA) depuis le 1er Juillet 2013. La Force se compose de 12 640 personnes dont 11 200 soldats commandés par le Commandant Ruwandais Jean Bosco KAZURA et a pour mandat en outre la stabilisation de la situation du pays malien, le soutien de l'action humaine, la protection des civils , la promotion de la Défense des Droits de l'Homme et une action en matière de justice nationale et internationale".

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article