FRANÇOIS FILLON DANS LA TOURMENTE OU " LE PETIT CHEVAL DANS LE MAUVAIS TEMPS QU'IL AVAIT DONC DU COURAGE"

A l'heure où l'information est Volatile , doux euphémisme, gavée à la volée aux céréales du scoop à travers un entonnoir judiciaire proche du serrage d' étau qui peut transformer un mulard en véritable cumulard, à l'heure où un croquant des temps modernes adepte de la probité et cultivant son jardin et ses secrets en son manoir se retrouve jeté en pâture à la vindicte du peuple en pleine Campagne , la polémique si rondement menée à l'encontre de François Fillon , car c'est de lui dont il s'agit,  élu de la République coopté au sein des primaires de son parti par quelques 4 , 5 millions de votants , laisse pensif voire dubitatif et porte non seulement un coup fatal aux Institutions de notre République bien malade mais encore met en lumière son nauséeux fonctionnement systémique.

UNE ODEUR DE DÉSTABILISATION

En effet le 15 janvier dernier et rediffusé les 20 et 31 du même mois, la chaîne Arte affichait I  comme ICARE le film du cinéaste Henri Verneuil sur un scénario de ce dernier et de l'écrivain Didier Decoin. Un thriller politique inspiré de l'assassinat à Dallas le 22 novembre 1963 de JFK ou comment un procureur , Henri Volney , interprété de main de maître par feu Yves Montand en désaccord avec les conclusions du Rapport d'Enquête biaisé du procureur Garrison de la Commission Warren qu'il avait refusé de signer, rouvre le dossier et s'attaque aux nombreuses zones d'ombre qui entachent celui-ci. Ce film est un véritable mille feuilles politico-judiciaire et doit être pris à plusieurs degrés selon l'auteur. En effet dans un premier temps s'il met en lumière l'intégrité d'un procureur résolu à aller jusqu'au bout d'un véritable complot il caractérise le fait qu' à s'approcher trop près de la vérité ( puisque Volney touchant à la conclusion de son enquête  sera lâchement assassiné par balles dans le dos à travers les vitres de son bureau ) on risque de se brûler les ailes tel le personnage mythologique grec Icare , fils de l'architecte Dédale et de l'esclave Naupacté . Lequel s'échappant du Labyrinthe où vivait le Minautore avait volé de ses propres ailes de cire qui avait fondu en s'approchant trop près du soleil causant alors sa perte en mer. Mais I comme Icare c'est aussi la mise en exergue de l'expérience du psychologue américain Milgram utilisée au début des années 60 et expérimentée après les horreurs de la Seconde Guerre mondiale sur les massacres des Juifs par les Allemands . Laquelle  consiste à évaluer le degré d'obéissance et la soumission d'un individu à l'autorité en expliquant sa sélection et son comportement contraire in fine à ses valeurs et qui peut être ou devenir un coupable idéal . Mais I comme Icare c'est in fine l'analyse des recours par la politique politicienne à des méthodes de déstabilisation employées selon certaines situations et arrangements entre Services voire entre amis pour arriver à un scénario choisi par ces derniers comme placer par exemple son pion candidat sur tantôt une courte période , tantôt sur des années ....Ou comment alors on infiltre , on manipule les sous systèmes étatiques parfois à leur insu ( selon le côté où l'on se situe ), on propage les rumeurs , on paie des sbires comme lors de manifestations pour faire monter la " mayonnaise" afin de tuer son chien en disant qu'il a la rage, pourrissant par voie de conséquence le Système en général . Et Verneuil d'illustrer sa thèse à travers le retour sur le putch voire le coup d'État du 11/09/1973 au Chili par le système du général Augusto Pinochet et l'assassinat" suicide"  d'Allende ...

Pouaff !!!. Mais ceci pouvant grandement expliquer cela .

ALLUMEZ LE FEU !!!

On peut ainsi transposer cette situation et l'appliquer à une Campagne présidentielle par exemple où tous les coups sont permis entre les divers camps politiques et leurs tendances idéologiques respectives. Ici il semble qu'on ait ciblé l'idéologie de droite via son système libéral à travers l'allumage simultané de nombreux feux follets minant de nombreux terrains  dans la même semaine comme les présumés emplois fictifs de Pénélope Fillon, les problèmes financiers de Marine Le Pen avec le Parlement de Strasbourg , le renvoi de Nicolas Sarkosy en correctionnelle ou encore les possibles lettres de menace de la présidente de la région Occitanie Carole Delga par un allumé du FN . Un recours à des procédés applicables à tous les camps politiques situés dans le même espace temps et sur une même trajectoire qui met toutefois ici dans un même creuset toutes les tendances de droite qu'elles soient extrêmes ou pas aux fins de les stigmatiser certes dans les affaires où certains se sont largement empêtrées mais dont le but final est de laminer à travers une guerre des idées la tendance idéologique par la rumeur et la plomber définitivement afin qu'effectivement le quidam de base , peu aguerri à ce type de manigances, prenne pour argent comptant les assertions informatives sans avoir eu vent de certaines justifications . Lequel en arrive rapidement au jugement dernier qui lui est cher de "Tous Pourris à droite". Car il semble qu'à travers ces sombres méthodes émanant de sous systèmes politiques peu orthodoxes, à partir d'un pavé lancé dans une marre à canards, certes judicieux au niveau informatif, on ait , in fine, détourné le stratus social de son chemin démocratique en inoculant le venin non pas du soupçon qui permet l'interrogation mais celle de la vindicte et de la certitude, condamnant déjà le présumé innocent et foulant aux pieds la présomption d'innocence chère au système inquisitoire français. Quant aux débats d'idées nécessaires, symbole d'un contradictoire loyal et légal inhérent à l'hygiène d'une réelle Démocratie, il semble que ce type de recours incite à les clouer au pilorie. Des méthodes finalement vieilles comme le monde qui ont déversé leur lot d'ordures à l'odeur pestilentièle à travers tous les sous systèmes dont se nourrit le Système. Aux frondeurs répondent désormais les gangrèneurs. Certes en période électorale le candidat se doit d'être irréprochable car tous ceux qui cherchent alors à lui nuire , parfois de "bonne guerre" comme les partis adverses mais aussi ceux qui ne l'aiment pas ou ne l'ont jamais aimé jusqu'à certains électrons de son propre parti , ne vont cesser de passer en revue sa vie à travers ses oeuvres. Il vaut mieux alors  ne pas avoir d' affaires collées aux basques labellisées " casseroles sur le feu " car si l'on vous jette un os à y cuire , la meute des chiens comme disait feu François Mitterand ne vous lâchera pas. Et c'est ce qui inonde depuis plus de quinze jours tristement le paysage politique , chacun y allant de quelques rallonges quotidiennes jusqu'à la nausée.

Toutefois dans ce contexte il est nécessaire de se poser LA question fondamentale: à qui profite ce crime de lèse majesté?

C'est ainsi que le 25 janvier dernier l'auguste Palmipède ayant pignon sur vue élyséenne et nourrie sans distinction aux informations de toutes tendances confondues lançait son pavé dans la marre aux canards inhérent aux emplois fictifs présumés dont aurait bénéficié Pénélope Fillon et deux des enfants de l'ancien ministre.

RETOUR SUR IMAGES A TRAVERS LE DROIT .

Un Scoop qui a déclenché le jour même l'ouverture d'une enquête préliminaire par le Parquet National Financier( PNF) en charge de la lutte contre la grande délinquance financière sur la base des chefs de  "détournement de fonds publics, d'abus de biens sociaux ( ABS) et recels de ces délits" qui avoisineraient une rémunération illégale pour Pénélope Fillon d'un montant de 931 440 Euros, une enquête étendue aussi à des élus et des proches de l'ex premier ministre.

L'enquête préliminaire diligentée par le Parquet, qu'il soit financier ou pas correspond à une recherche de preuves hors flagrance visant toute infraction , parfois injustifiée que l'on ne fait que soupçonner. Son but : découvrir la vérité à partir du constat d'abord de l'infraction corroborée par l'obtention des preuves. A cet effet le procureur confie l'enquête à des enquêteurs, en l'occurance ici à la compétence des limiers de l'Office Central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales ( OCLCIFF) qui peuvent perquisitionner.

D'où les auditions dans un premier temps et suivant ce " protocole" de nombreuses personnes susceptibles d'authentifier la matérialité des emplois de l'épouse de François Fillon comme par exemple l'ex directeur de la revue Michel Crépu, la journaliste Christine Kelly, Pénélope et François Fillon, les deux époux mis en cause , d'anciens et actuels collaborateurs du député-candidat tels le maire de Sablé sur-Sarthe, Marc Joulaud, son supplément et successeur à l'Assemblée Nationale qui a employé Pénélope Fillon mais aussi Sylvie Fourmont et Igor Mitrofanoff, son ex plume; tout comme le patron de la Revue des Deux Mondes , Marc Ladreit De Lacharrière , PDG du groupe Fimalac dont l'OCLCIFF s'interroge sur les raisons qui l'auraient conduit à salarier Pénélope Fillon de mai 2012 à décembre 2013 pour un montant mensuel de 5000 Euros brut. Puis encore l'audition au fil de l'enquête des deux enfants du couple , Marie et Charles à l'époque étudiants en droit, embauchés en qualité d'assistants parlementaires de septembre 2005 à juin 2007 et rémunérés respectivement 57 084 Euros et 26 651 Euros confirmé d'ailleurs par ce dernier au JT de 20 H lorsqu'il était sénateur stipulant qu'ils étaient avocats et qui en fait à cette époque ne l'étaient pas. Des auditions qui ont débouché sur des perquisitions notamment à l'Assemblée nationale au siège de la Revue qui pâtit en outre d'une autre enquête sur un vaste système de détournements de fonds publics mis en place au sein du groupe UMP du Palais du Luxembourg entre 2003 et 2014 et qui pourrait encore " plomber "l' ex premier ministre" qui aurait pû empocher à travers 7 chèques de l' Union Républicaine du Sénat ( URS) selon Mediapart quelques 25 000 Euros . De plus l'OCLCIFF enquête encore sur une remise de légion d'honneur par François Fillon par décret de l'ex président de la République Nicolas Sarkosy à son ami De Lacharrière élevé depuis le 8 septembre 2006 au rang de Grand Croix dans l'ordre national de la légion d'honneur; les enquêteurs se demandant si l'embauche de Pénélope Filon aurait constitué la contrepartie de cette décoration et pourrait alors être qualifié de " trafic d'influence". De plus les enquêteurs de l'OCLCIFF suspectent une possibilité de conflits d'intérêts au sein de sa société privée 2F Conseil; une société crée par l'ex premier ministre lors de son départ de Matignon en 2012 où l'on suppute les noms de clients comme la banque ODDO , l'assureur AXA dont son ancien patron Henri de Castries conseille aujourd'hui François Fillon mais encore le cabinet financier Ricol Lasterye qui aurait versé quelques  200 000 Euros à 2F Conseil; François Fillon percevant en salaires et bénéfices entre 2012 et 2015 un montant de 757 500 Euros. Enfin en dévidant la pelote au fil des jours Mediapart l'organe informatif en ligne révèle lui que depuis 2015, Alexia Demirdjian , une proche de l'équipe Fillon a été rétribuée par la Fondation Culture et Diversité , une branche du Groupe Fimalac dont son président n'est autre que Marc Ladreit de Lacharrière.

Ce ne sera qu'au terme de ces investigations qui devraient s'achever mi mars que la nomination d'un juge d'instruction susceptible d'instruire alors à charge et à décharge pourrait intervenir. Une instruction dont la finalité serait comme pour tout justiciable une possible mise en examen , une détention provisoire demandée par le Juge de la détention et des libertés (JLD) avec contrôle judiciaire ou pas... pour un renvoi ensuite en correctionnelle.Soit l'autre formule consistant au vu de l'enquête effectuée , à ne pas poursuivre l'élu , aucune charge n'ayant été retenue contre lui en vertu de l'apport des justificatifs suffisants fournis par l'ex premier ministre .

Mais en attendant de se tenir au plus près du Code pénal et de procédure pénale et d'éviter "un éclair blanc", François Fillon a enfilé le rôle qui n'est pas sa meilleure posture...celle du héros du " Petit Cheval blanc dans le mauvais temps qu'il avait donc du courage" inhérent à la complainte du poète Paul Fort. Et qu'au symbolisme de la III ème République répond celui de la Vème où caracolant en tête de cette triste ballade franco-galloise de bien mauvais goût l'ex premier ministre traîne courageusement derrière lui quelques 576 députés et 348 sénateurs et dont certains criant  "haro sur le baudet " ont pour la plupart des comptes à rendre au citoyen en matière du fonctionnement de leur réserve parlementaire et embauches de leurs proches.

LOUISE DE LOU