D DAY: LA RECONNAISSANCE AUX "CODE TALKERS" COMANCHES

Publié le par lou-de-louise

Ceux qui ont approché bon nombre de vétérans invités lors des commémorations de la Grande Guerre et des 70 ans du Débarquement peuvent témoigner de ce que tous ces valeureux combattants ayant réchappé à la mort n'ont jamais couru après la notion de reconnaissance mais que tous se sont cantonnés plutôt à évoquer leurs douloureux souvenirs dans l'humilité. Aussi ont-ils bien mérité d'être fêtés pour leur abnégation et leur sacrifice, même tardivement. Si la France avait été quelque peu poussive en ce qui concerne sa reconnaissance au Commando Kieffer , certes nos amis Américains ont eux aussi tardé en ce qui concerne celle apportée à leurs "Boys" Comanches enrôlés dans les Marines ou divisions d'Infanterie lors des deux dernières guerres mondiales au titre de "code Talkers", ces traducteurs de données en code secret à l'attention des Forces alliées contre l'oppresseur Allemand. Un langage codé prenant des allures d'inventaire à la Prévert à travers lequel les mots " tortue" correspondaient aux chars d'assaut, les bombardiers étaient des " oiseaux enceintes", les mitrailleuses " des machines à coudre" ou encore Hitler était " l'Homme blanc fou".

Toutefois il était temps de fermer en effet son livre d'Histoire sur ce passé peu glorieux inhérent aux grandes batailles entre indiens et militaires-colons américains des années 1700 et 1800 ans ; sur ces attaques de diligences par "ces Peaux rouges"aux coutumes et rites ancestraux vivant sous des Tepee ( tentes) selon le rythme qualifié aujourd'hui d'éco système, ces guerriers emplumés et à cheval , au visage peint, parlant un dialecte aztèque, pillant et tuant avec flèches et sagaies les colons américains aux seuls motifs de se défendre et préserver leur nourriture de subsistance, le bison ainsi que leurs immenses territoires d'Oklahoma, d'Alaska, du Texas, de Californie et du nouveau Mexique dont on les dépouillera (Traités du Medicine Lodge de 1867 et du Jerome Agreement de 1892) pour, des années plus tard, les parquer dans des réserves après les avoir décimés au trois quart. Il faudra attendre 1942 et la proposition au général Clayton B Vogel par un des vétérans de la Première Guerre mondiale Philippe Johnston , fils de missionnaire qui avait grandi dans la réserve Navajo pour appréhender le problème différemment en demandant la collaboration et l'intégration au sein de l'US Army ou de la Navy de certains amérindiens. Le premier à reconnaître leurs compétences et aide sera le président Lindon Johson qui fera du 14 août 1982 le jour des "Code Talkers" Navajos. Puis le Congrès américain adoptera le 21/12/2000 la Loi : 106-554, 114 Statut 2763 portant reconnaissance aux 29 premiers Code Talkers Navajos de la Deuxième Guerre mondiale. En juillet 2001 et le 17 septembre 2007, ce sera au tour de Georges W. Bush de les décorer , dont certains à titre posthume et de reconnaître définitivement par la loi "Public Law": 110-420 du 15 novembre 2008 tous les "code Talkers" amérindiens ayant servi dans l'US Army lors des Première et Deuxième Guerre mondiale; une reconnaissance gratifiée de la médaille d'or de la Nation américaine.

D'où la présence émouvante et touchante lors des Commémorations au cimetière de Colleville où repose un seul vétéran parachutiste de la 2ième Airborne, de cette délégation de dix huit vétérans de la Nation Comanche et de la Comanche Indian Association, rappelant ainsi le rôle important des peuples autochtones américains dans la libération de la France . Une délégation à laquelle s'était jointe Charles Shay un vétéran ayant appartenu au 16 ème régiment de la première Division d'Infanterie "Big Red One" comme médecin et ayant oeuvré dans la libération de la France et ayant sauté sur la plage d'Utah.

Le 9 Juin, en présence du Consul américain Robert Tate et de quelques vétérans comanches c'est un hommage plus intime qui s'est déroulé sur la plage d'Utah Beach et qui rappela les coutumes ancestrales à travers des incantations et libations du peuple amérindien dont certains avaient revêtu pour la circonstance le costume traditionnel . Mais une manifestation toute aussi émouvante organisée en partenariat avec le Musée d'Utah Beach et de l'Association Tilly-Sur-Seulles 44 en hommage à ses " Code Talkers" américains enfin reconnus, d'autant que le dernier des survivants Chester Nez du groupe des 29 Navajos recrutés en mai 1942 dans le Corps des Marines était décédé le 4 Juin, à l'âge de 93 ans.

LOUISE DE LOU

Publié dans DÉFENSE ET MÉMOIRE

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