FASHION DAY A LA XVII CHAMBRE CORRECTIONNELLE DU TGI DE PARIS D' UNE GRANDE SOBRIÉTÉ

Publié le par lou-de-louise

Compte rendu d'audience de ce 22/06/2011

 

 

Si on attendait ce 22 juin dernier les Parisiennes de Kiraz à cette Cour devenue subitement Carrée ( en référence à celle du Louvre), en raison du renvoi devant elle de John Galliano, l 'un des créateurs de mode mondialement connu, pour les chefs d' accusation " d'injures et propos racistes ...en raison de son appartenance ou non en rapport avec sa religion..tenus dans un lieu public" suite à la plainte d'un jeune couple, Géraldine Bloch et Philippe Virgitti, déposée le 24/02/2011, puis par celle  " incidente voire collatérale"  déposée par Fathia Oumeddou le 26/02/2011 suite à des faits datant du 8/10/2010, il n' en fut rien.

Car ceux sont plutôt les femmes de Bellu qui se sont invitées sans protocole, parlant fort et gloussant grassement en s'entassant sur les bancs de cette Chambre correctionnelle habituée à traiter habituellement des affaires conflictuelles avec la presse.

Subitement honni par les mêmes qui l' avaient porté aux nues et en triomphe, " le prévenu", livide et terriblement gauche à son arrivée dans la salle, arborait pour la circonstance un pull noir en V sur un pantalon gris anthracite à revers sous une simple veste déparayée, jouant tant sur le plan physique que du style vestimentaire d' une rare sobriété. Et seules une cravate à pois tranformée en foulard négligé et son éternelle boucle porte bonheur à l' oreille droite découverts par ses longs cheveux jouant éternellement de son ambiguité entre l' éternel romantique et le Bad Boy version Capitaine Crochet,confirmait son existentialisme de Créateur.

Dans ce gran défilé judiciaire, " le premier passage" voyait l' arrivée en file indienne des représentants des media les plus connus, s'arrogeant de facto le droit d'arriver en retard et d' occuper les premières loges sous l' oeil pas peu fier de leur nouveau représentant ayant forcé sur le mauve d'une veste qui lui donnait des airs de directeur de collections d'un jour. Puis dans la foulée les avocats de la défense du styliste: Maître Ahamelle ( cabinet Metzner et Associés), ceux des parties civiles Maître Lilti représentant l' UEJF, J' Accuse et SOS Racisme, Maître Zerbi et Stasi Junior pour la Licra , Taieb pour le MRAP ainsi que Maîtres Baudduck pour le jeune couple et Michaud pour madame Oumeddou.

Quant aux autres passages ils consistèrent à l' écoute de la narration in extenso de l' altercation faite par les les deux plaignants ( Madame Oumeddou étant absente aux débats).

 

_" On s'est installés à une table, puis quelqu 'un s'est assis à côté de nous. On ne l' avait pas reconnu de suite.

_ On lui a apporté un Mojito offert semble-t-il par la maison ; nous on a été obligés de payer nos consommations ( des bières pour lesquelles ils demandent le remboursement de 220.000 Euros).

_Il a commencé à s'adresserà Géraldine en lui demandant de parler moins fort.

_Il a commencé à se moquer de son physique et l' a ensuite insulté la traitant de " dirty Jewish face ( sale gueule de Juive), et à moi de " Fucking Asian bastard" ( sale batard d'Asiatique)...I will kill you ( je te tuerai).

Le ton est alors monté et la situation a dégénéré rapidement . Il lui a aussi touché les cheveux. J'ai alors averti la serveuse et les gens du bar par trois fois. En vain, personne n'a bougé et on ne lui a rien dit. Ils lui ont même servi un autre verre. John Galliano lui a encore touché les cheveux. Ce qui m' a profondément énervé. Je lui ai alors dit de ne plus la toucher. Je me suis dit qu' il n' était pas dans son état normal et ne devait pas être très clair. "

 

La présidente: " Mais vous avez pris une chaise?"

P. Virgitti: " Oui j'ai pris une chaise".

la Présidente: " Et...?

P. Virgitti: " La police qu' on avait appelé de mon portable est arrivé. On a été entendus".

La présidente: " Mais vous avez retiré votre plainte pourtant et pourquoi?"

P. Virgitti: " Oui car suite à cette affaire, on s'est faits insulter sur internet. Je me suis dit : on va alors calmer le jeu. Et puis je me suis aussi dit: John Galliano ne mérite pas tout cela. Il a perdu son emploi ; la presse a médiatisé cette affaire. Il n'est pas raciste , pas antisémite, pas aussi mauvais que ce qu'en ont dit les media. Je me suis renseigné sur lui. Cela a été une dispute mais pas aussi grave que ce qu'ils en ont dit. Car Galliano se sert de toutes les cultures à travers son travail. Il s'en inspiré.". Des propos qui ont fait blémir Maître Stasi qui a dû remettre P.Virgitti sur les rails de son accusation à l' égard du créateur.

Aux dires du couple notament de mademoiselle Bloch , il semblerait que l'affaire a été montée en épingles par la presse puisqu' elle s'est dite suivie à maintes reprises, sa boîte aux lettres fouillée. Et mademoiselle Bloch d'affirmer aussi que quatre journalistes étaient même venus filmer , une caméra dissimulée dans un bonnet l' altercation avec madame Oumeddou.

Aux questions de la présidente, John Galliano a réfuté en bloch toutes les allégations dont on l' accuse. Il s'est borné à affirmer qu' il était un citoyen du monde, " en témoignent mes nombreux voyages inspirant mes créations. De plus je suis né d'une mère espagnole, à Gibraltar et parti émigrer à l' âge de six ans à Londres. J'ai même vécu avec les tribus Massais et en Chine. J'ai toujours eu des relations multi-culturelles dans mon travail aussi puisque mon assistante pendant sept ans appartenait à la communauté juive. J'ai toujours combattu les préjugés et l' intolérance. Ce ne sont pas les sentiments de John Galliano. Je suis aussi sensible à la discrimination pour en avoir souffert  moi-même ( faisant allusion à son homosexualité). Je n'ai aucun souvenir de cette soirée, hormis celle de l' image violente projetée par monsieur Virgitti brandissant sa chaise. "

Le créateur a traduit sa perte de mémoire "par sa triple dépendance aux addictions mêlant de puissants barbituriques à l'alcool et ce depuis de nombreuses années. Un état pour lequel il est parti suivre, a-il continué d'expliquer à la barre, une cure dans l'Arizona en février dernier puis en Suisse. Un programme que je continue toujours de suivre."

Une fuite en avant terrible qu' il a attribué à des déclencheurs comme : " un gros stress à gérer chez Dior en même temps que celui de la Maison de couture à mon nom; la peur de ne pas y arriver mais surtout depuis 2007 la perte de mon ami Steven Robinson qui me protégeait de tout et me permettait de me consacrer à ma création."

Il semble que Galliano se soit enlisé dans une véritable spirale " qui l' a même empêché de faire le deuil de mon ami. Une véritable emprise due au mélange mortel de l' alocool et des barbituriques que j'au pû comprendre grâce à ma cure".

 

Alors si la procureure invoque dans son réquisitoire "la splendeur, la déchéance et la disgrâce d'une icône mondiale ( il a été du coup licencié de chez Dior le 1er mars 2011 et n'a plus par voie de conséquences aucun travail), à travers sa représentation emblématique d'un racisme de comptoir" , celle-ci le dit "coupable de délits à caractères injurieux et racistes" et demande pour chacun d'eux "des peines pas inférieures à 5000 Euros d' amendes ( soit 10.000 Euros).

Quant à son avocat , Maître Ahamelle, il a plaidé la relaxe de son client , argumentant sa défense sur "l 'addiction récurrente de John Galliano, mis en lumière par une expertise confiée à un expert réputé qui a confirmé "l' accroissement de gros troubles compulsifs dûs au mélange de l' alcool et de puissants barbituriques altérant considérablement ses facultés cognitives et mémorielles pouvant entraîner des séquences confusionnelles et hallucinatoires , jetant par le fait même le doute sur les arguments d'intentionnalité et la notion de nuire du créateur "décriés par les avocats des plaignants.

 

L'audience devait se conclure par les excuses de John Galliano suite " à l'émoi et les effets qui en ont découlés".

Il a réitéré n' avoir jamais tenu de propos racistes ; une notion qu'il a toujours combattu et s'est dit même "soulagé d'avoir enfin dominé ses angoisses."

 

Prononcé du délibéré le 8 septembre prochain.

 

Louise DE LOU

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