LA CHASSE AU CANARD EST OUVERTE

Publié le par lou-de-louise

Il ne fait pas bon de nos jour être un volatile qui plus est avec du bec. Et cette fois alors que la chasse aux canards est ouverte depuis un certain temps, le pauvre volatile pourrait y laisser drôlement des plumes.

C'est ainsi en effet que le 22 décembre dernier, le Canard Enchaîné grand pourfendeur de "l'Establishment" français , éternel journal satirique mais toujours on ne peut mieux informé s'est fait clouer le bec par une assignation devant la

17 ème chambre du Tribunal correctionnel de Paris spécialisée en matière de presse,  pour diffamation à l'encontre du Consortium Bouygues décliné sous le label: Bouygues  SA, Bouygues Construction et Bouygues Ile de France et ce pour deux articles signés par ses deux canetons maison Hervé Lifran et Christophe Nobili datés l'un du 7 décembre 2011 au titre évocateur:

" Un missile judiciaire pointé sur le futur Pentagone de Sarko" puis suivi la semaine suivante soit le 14 décembre , manière d'en rajouter une couche , le béton n'ayant peut-être pas bien pris la première fois et libellé " Bouygues et la Défense au fond de la tranchée" . Deux articles dans lesquels le tandem palmipède parle en supputant l'amitié entre le président de la République Nicolas Sarkosy et le patron du Consortium du béton Martin Bouygues ,d'une " rafle d'un marché de 3, 5 milliards pour construire et entretenir le nouveau Ministère de la Défense mais surtout relate que "le Pentagone à la Française se trouve sous le feu du pôle financier du Palais de justice de Paris . Qu'une enquête préliminaire a été diligentée avant l'ouverture d'une information judiciaire ouverte dans la plus grande discrétion pour "corruption et favoritisme par le parquet de Paris en février 2011 et confiée à deux magistrats instructeurs , visant de ce fait les conditions d'attributions à Bouygues du marché de construction du nouveau Ministère de la Défense" .

Un chantier s'étalant sur le méga site de Balard et avoisinant les 13, 5 hectares de terrain regroupant côté Ouest la Cité de l'Air existante,les services de la Marine mais aussi côté Sèvres la Direction Générale de l'Armement ( DGA) ainsi que le regroupement à venir de tous les états majors et de tous les services de la Défense confondus. Un contrat signé par l'ancien Ministre de la Défense Hervé Morin. Suivant les sources du Canard toujours il s'agit "d'une construction de quelques 300 000 m2 mais aussi d'une exploitation des bâtiments pendant 30 ans et un bail pour le loyer et la création de bureaux sur 60 ans. En contre partie, toujours selon l'article du  Canard" l'Etat devrait verser à Bouygues une redevance annuelle de 132 millions durant toute la durée du contrat." Un marché juteux obtenu par Bouygues de 3, 5 milliards malgré le sous entendu du Canard sur  "un appel d'offres peu ordinaire" .

Deux assertions et une enquête jugée on ne peut plus diffamatoire par le groupe contre lesquelles ce dernier a décidé de tirer à boulets rouges en demandant au Canard Enchaîné quelques 9 millions d'Euros soit l'équivalent pour le journal irrévérencieux de deux exercices comptables. Un véritable tir d'obus venant du roi du béton qui pourrait bien couler dans le béton le volatile et le clouer au sol pour quelques temps mais surtout un coup dans l'aile qui l' a laissé quelque peu grogui hier sur les bancs des justiciables qu'il n'a guère l' habitude d'occuper.

Côté demandeurs la société Bouygues avait envoyé sa première ligne véritable rideau défensif de la Société soit une équipe juridique courtoise et composée de trois personnes : du Golden boy dynamique et zélé en passant par un autre juriste à l'allure de deuxième ligne version déminage jusqu' au fin stratège plus âgé qui " peut essayer de comprendre en arrondissant les angles", le tout résumé dans des notes par le directeur de la communication qui n' avait pas l'intention justement de communiquer préférant laisser  toute latitude à l'avocat du groupe , le pénaliste Olivier Metzner.

Côté défense, le Canard avait sonné , lui, le rassemblement de ses troupes et confrères venus apporter leur soutien à travers leurs témoignages; une véritable petite armée de canetons s'était même constituée en rang serrés, prêts à en découdre, l'air grave mais ne démordant pas de leur ligne de défense:celle d'avoir au vu de leur statut de journalistes aguerris et avertis fait correctement leur travail d'information. Cela à partir d'une information récoltée par Christophe Nobili qui au vu de la sensibilié de l'affaire s'est alors tourné vers le directeur de la publication du journal Michel Gaillard; lequel dixit lors de son audition à la barre " a veillé au bon déroulement de l'enquête, s'assurant alors de l'excellence des sources et faisant alors intervenir trois journalistes par le biais de sources judiciaires et policiaires toutes différentes  ( en sus D Simonnot), les vérifiant en les recoupant . Pour en arriver à la conclusion: celle de la rédaction des deux articles en sus visés et décriés par Olivier Metzner qui dénonce alors l'incompréhension quant à la mise en cause de magistrats qui " se répandraient donc dans la presse au mépris du secret de l'instruction" et de demander alors aux huit journalistes venus déposer à la barre de " décliner leurs sources".

 

Quant on connait l'expérience de Maître Metzner pour les Media et sa facilité à y évoluer à travers de grandes affaires, telle l'affaire Clearstream par exemple , demander alors à ces derniers lors de leur passage successif à la barre de dévoiler leurs sources a été un grand moment d'anthologie voire de plaisant surréalisme.

Pas vrai Olivier? ....comme s'est même permis de l' en appeler à la barre une des journalistes D. Simmonnot.

Délibéré prévu le 14 mars .

 

LOUISE DE LOU

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