PRIX DU 36...POUR DES ORFÈVRES EN LA MATIÈRE ?

Publié le par lou-de-louise

22...Voilà le dernier prix 2012 du Quai des Orfèvres qui récompense chaque année un auteur de roman policier quelqu'il soit mais qui a sû créer une intrigue et investiguer à la manière des augustes limiers du célèbre et mythique lieu de la police judiciaire de Paris.

Pour ce crû 2012, le prix littéraire du Quai des Orfèvres anticipe un an à l'avance mais toujours le 22 novembre comme s'est plû à le souligner le préfet Michel Gaudin en charge de la Sécurité d'Ile de France. C'est ainsi que le jury du prix présidé par le directeur de la Police judiciaire Christian Flaesch a collégialement choisi d'honorer si l'on peut dire la justice à travers son auteur,un avocat au barreau de Paris qui cultive le paradoxe en écrivant sous le pseudonyme de Pierre Borromée en correspondances certainement avec les îles enchanteresses de la péninsule italienne et de la robe rouge du magistrat dans son livre:

" l' Hermine était pourpre"... Ou comment l'héroÏne Juliette Robin sera découverte assassinée dans des circonstances effroyables mais toujours vierge malgré ses cinq ans de mariage avec l'avocat Pierre Robin qui sera bientôt le principal suspect . Une enquête confiée par le procureur de la République au commissaire Brendy , un policier opiniâtre aux méthodes anciennes.

Pourtant cette année la Maison Poulaga a bien mal inauguré la saison de la chasse et a reçu pas mal de plomb dans l'aile avec tour à tour ces derniers temps la mise en examen du patron de la Direction Centrale du Renseignement intérieur français (DCRI) Bernard Squarcini dans l'affaire des " Fadettes" du journal le Monde (les écoutes illégales sur deux journalistes Davet et Lhomme du quotidien) un rien nostalgique peut-être de l'héroÏne du célèbre roman de la bonne Dame de Nohan Georges Sand, l' audition le 28 octobre dernier du Directeur général de la police nationale ( DGPN)  Frédéric Péchenard pour sa possible implication dans la même affaire , l'incarcération à la prison de la Santé du numéro 2 de la PJ de Lyon Michel Neyret mis en examen puis écroué pour corruption , trafic d'influence, de stupéfiants et association de malfaiteurs qui "tape désormais le carton" avec Carlos et le général Noriega à la prison de la Santé , suivi de celle de dix autres policiers lillois entendus dont l' ancien chef de la police du Nord Jean-Claude Menault ( muté depuis à Paris ), dont huit mis en examen tel le directeur de la sûreté départementale du Nord Jean-Claude Lagarde et quatre écroués dans le cadre de l' Affaire dite du Carlton avec pour charges retenues: le proxénétisme aggravé en bande organisée et abus et recels d' abus de biens sociaux ( ABS).

 

Aussi cette manifestation littéraire regroupant de nombreux membres  de la police, de la justice, du barreau ou encore de la presse qui fait le pendant à " bonjour tristesse" et met un " peu de soleil dans l'eau froide" , a quelque chose de rafraîchissant et a pour mérite de conforter le dicton " les hommes passent mais les institutions restent".

 

Toutefois donnons un petit coup de sifflet et ouvrons une parenthèse sur la genèse du 36 , son emplacement et ayons un regard bref sur son évolution au fils du temps. Car le 36 est vraiment mythique et Dieu sait si les mythes ont la peau dure.

En effet sur le quai de cet ancien hôtel particulier construit en 1875 se tenait un marché aux volailles et rôtisseries, d'où le sobriquet de " poulets" donné aux policiers. Une autre version mentionne que Jules Ferry affectât à titre provisoire au préfet de police, la caserne de la Cité ( qui en est le siège) qui a été bâtie sur l'emplacement de l' ancien marché aux volailles de Paris d'où l'expression de " Maison Poulaga".

Sous Louis XIV en 1667 Colbert en sera le premier grand patron et nommera Gabriel Nicolas de la Reynie comme Lieutenant général de la police et ce jusqu'à la Révolution. Napoléon créera ensuite la magistrature de préfet de police de Paris par la Loi du 28 Pluviôse an VIII ( 17 février 1800) et par l' arrêté du 12 Messidor An VIII ( 1er juillet 1800).

Après son coup d'État Napoléon 1er rattachera au pouvoir central les attributions de police générale qui dépendaient

jusqu' àlors de la Commune de Paris sous la Révolution Française. Le préfet de police reprend alors les attributions du Lieutenant général de police pour excercer des pouvoirs de maintien de l'ordre auparavant dévolus au prévôt de Paris. En 1832 par arrété du 31 mars le préfet Gisquet nomme comme chef de la brigade de la sûreté ( composée d'ailleurs d'anciens forçats) François Vidocq ancien indic du Comte Dubois et ancien forçat emprisonné à la conciergerie pour s'être rendu coupable d'un faux et condamné à 8 ans de travaux forcés ; lequel  s'évadera à la troisième tentative du bagne de Brest.

La Police Judicaire ( PJ) a vécu au rythme des grandes affaires qui ont parfois ébranlé la République: de l'assassinat du président Paul Doumer par le russe Gorguloff en passant par celui de Jaurès par Raoul Villain, aux affaires Stavisky, Dreyfuss ( avec la prise de position de Zola dans l'Aurore avec son célèbre J'accuse à l' encontre du président Faure) ou encore de celles de Landru ou du docteur Petiot.

Mais cette dernière a vécu aussi de grandes mutations voire une révolution grâce à Alphonse Bertillon entré comme simple commis aux écritures de la préfecture de police et néanmoins créateur de l'anthropométrie et des empreintes digitales qui donnera à la police ses lettres de noblesse en matière technique et scientifique en s'attelant à la résolution de l'affaire scheffer, un récidiviste inculpé de meurtre.

 

Aujourd'hui  le Quai des Orfèvres correspond à la Direction générale de la Police Judiciaire de Paris ( DRPJ) et l'endroit abrite les Brigades Criminelle ( BC), celle des stups ( BSP) et la BRI ( recherche et intervention), soit quelques 700 hommes et femmes affectés au 36 et qui composent les quelques 2305 personnes dont 2288 en activité de la direction de la Police Judiciaire, le reste étant dispatché sur vingt autres sites et structurée en 28 services dans quatre département tels les 75, 92,93,94 .

La direction de la police judiciaire de la préfecture de police a été créée par le décret du 1er août 1913 et l'arrêté préfectoral du 3 août 1913 et est du ressort des Cours d'Appel de Paris et Versailles.

Ses missions s'attachent à lutter contre la grande délinquance , les organisations criminelles, le grand banditisme  mais aussi les auteurs de délits économiques et financiers. Elle fait partie des six grandes directions actives de la police avec la Direction de la Sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPA  activée le 14/09/2009); celle de l'Ordre Public et de la Circulation ( DPC) ainsi que celle de la Direction du renseignement de la préfecture de police : DRPP ( RG) enfin celle du préfet de police qui est le préfet de la zone de défense et de la sécurité de Paris dont les ancètres ont pour noms Joseph Fouché, Louis Lépine ou encore le préfet poète Louis Amade , ami de Charlie Chaplin, Brassens, Pablo Casals ou encore de Jacqueline Auriol et auteur de nombreuses chansons pour Bécaud ( l' Important c'est la Rose) avec Pierre Delanoë et de l'opéra d'Aran.

 

Alors si l'on trouve des préfets " au champ " et aux chants , poètes, la culture des genres et celle du paradoxe développés par Jacques Catineau et Guy de Saint Périer à travers les nombreuses relations et entregent noués avec Marcel Bleustein Blanchet  (ancien patron de Publicis) mais aussi avec Max Fernet , directeur de la police , ou Nepote , ancien patron d'Interpol  leur ont permis la création du prix du 36 quai des Orfèvres.

C'est ainsi que germa en 1946 dans l'esprit de Jacques Catineau ,heureux propriétaire de la société SERT et la SEPE respectivement spécialisées dans le monde de la radio et des grands débuts de la télé et de la publicité et de son associé Guy de Saint-Périer représentant du président de la librairie Hachette , chargé de la défense du livre français en Amérique Latine , la création d'un prix littéraire inhérent au roman policier.

Le but : valoriser les techniques de la police judiciaire en retraçant leurs investigations et leurs techniques dans un roman littéraire. Mais surtout donner aussi une chance à tout quidam venant de tout horizon qui plus est anonyme, désireux d'écrire un roman policier et ne maîtrisant pas les subtils codes de l'édition de pouvoir y entrer.

A la mort de Jacques Catineau, ses petits enfants Agnès et Pierre Marie reprendront le flambeau portés par la vénération du grand-père, du respect pour son oeuvre et de la pérennité de son aura à travers les idéaux de ce dernier tels l'innovation, la modernité , le brassage des liens à travers la culture et le mélange des genres.

C'est ainsi que dès sa création est établi à cet effet une sorte de Charte édictant les modalités de l'organisation du prix mais surtout des qualités littéraires requises validant la conception du prix avec comme condition sine qua non l' anonymat et la transparence.Le prix est placé sous le patronage du préfet de police en exercice, de la présidence effective du directeur de la police judiciaire de la préfecture de police et dun jury composé de vingt deux membres issus du monde de la presse, de l'édition, de la justice , de la politique ou encore de la police. Lesquels se réunissent en avril lors d'un déjeuner . S'ensuit un premier tri lu par le secrétaire général du Comité , puis six exemplaires seront retenus après une deuxième sélection dont on débattra de juin à septembre lors d'un dîner animé .

En 2010 Agnès Catineau argue de la nécessité d'une nouvelle gouvernance dans l'organisation du Prix et met en avant la pérennité des racines profondes du prix tout en l'adaptant aux formes nouvelles de fonctionnement, de style et de prestige.

Eric de Saint-Perier, fils de Guy et secrétaire général du prix depuis 1964 laisse sa place à Francis Jaspar et la Maison Fayard nomme Jacques Mézelle pour représenter ses intérêts.

Ainsi les sujets des manuscrits ne doivent porter que sur une intrigue , une enquête en relation avec le monde de la police , doivent être dactylographiés et envoyés anonymement avant le 15 avril de chaque année. Le récipiendaire reçoit lors de son attribution un certain montant et voit la publication de son oeuvre chez l'éditeur choisi .Toutefois il ne peut solliciter une seconde fois l'attribution du prix.

Si de 1946 à 1949, l'éditeur était la société SEPE, Hachette prend le relais de 1951 à 1965 pour le confier à partir de 1966 à la Maison Fayard qui lui garantit un contrat d'auteur et un tirage minimum de 50 000 exemplaires ( aujourd'hui le tirage a été multiplié par trois).

Le nom du lauréat n'est dévoilé que le 22 novembre à l'occasion d'un cocktail littéraire par le préfet de police et sous le parrainage chaque année d'une personnalité ayant eu des accointances avec le monde de la police.

En 2009 l'acteur Alain Delon a fait se pâmer les "poules" de la  grande maison venues nombreuses , 2010 a vécu en duplex la retransmission des félicitations d'un Jean Réno retenu sur le tournage d'un film . Quant au crû 2012 Patrick Bruel n'a pas cassé sa voix dans la célèbre Maison.

Depuis 1946 il y a eu pléthore de prix et d'heureux élus comme Micheline Sandrel speakreane à l'ORTF en 1962 pour son roman " Dix millions de témoins" ou encore Roger Le Taiilanter en1997 pour ses" Heures d'angoisse".

Toutefois en 1951,1955 et 1961 le jury a jugé de pas avoir pu extraire la substantifique möelle littéraire et n'a donc attribué aucun prix.

 

Une manifestation littéraire qui ne semble pas donner de signes de faiblesse et continue de briller au firmament du Polar au rythme des lumières des gyrophares.

 

LOUISE DE LOU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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