KERVIEL: LE POCHON DE TERRE CONTRE LE POCHON DE FER OU L' HISTOIRE DU MATELAS DEVENU CARPETTE.

Publié le par lou-de-louise

La chute le 15 septembre 2008 d'un des fleurons bancaires américains en matière d'investissements, d'actions, d'obligations et services diversifiés comme Lehman Brothers affichant une perte abyssale de 5, 14 milliards US au deuxième trimestre de son exercice 2007/2008 et suivie dans la foulée par sa consoeur Meryll Lynch, rachetée en décembre 2008 par Bank of America, accusant à son tour des pertes de quelques 27 milliards de dollars US, mettait en exergue la crise financière mondiale liée à la fameuse crise des Subprimes mais surtout révélait les pratiques de ces multinationales bancaires portant de ce fait un coup fatal à l'économie de la planète. En effet selon d'éminents économistes, la crise des Subprimes aurait débuté au deuxième semestre 2006 mais révélée en février 2007 et s'est traduite par le "krack" des prêts hypothécaires immobiliers à risques concédés aux emprunteurs américains les plus modestes que ces derniers ne pouvaient donc pas rembourser. Ce qui a provoqué une crise de confiance générale dans le système financier et une chute très importante des marchés boursiers durant l'été 2007 se traduisant par l'arrêt temporaire de la spéculation mais créant de nombreux dommages financiers dans les circuits bancaires et qui ont nécessité à cet effet le refinancement de nombreuses banques.

A partir de 2007 les organes bancaires du monde entier ont inclu par le fait même dans leurs comptes des actifs dépréciés liés aux Subprimes tels les ABS et les CDO affichant au compteur une perte abyssale et planétaire de 500 milliards de dollars et l'obligation de recapitalisation de quelques 300 milliards de dollars. Ce qui aura pour conséquences de faire chuter leurs fonds propres et la nécessité par voie de conséquences de les éponger alors soit par le biais pour certaines d'une augmentation de capital, soit par la vente en bourse de nouvelles actions ou pour d'autres de reconstituer leurs réserves.

En 2010, un rapport de la justice américaine épingle la gestion de Lehman Brothers et révèle que cette dernière masquait en fait son endettement et que ses dirigeants utilisaient abusivement la technique comptable dite du REPO 105 , correspondant aux " purchases agreements" ou instruments financiers du système monétaire correspondant à des accords de rachats ou opérations de pension ; ce qui dans le concret correspond à "une technique  d'habillage  financier sous forme de deux transactions au comptant en sens inverse et décalées dans le temps; a savoir une cession suivie d'un rachat au terme de l'opération du refinancement d'actions financières négociables à un taux d'intérêt négocié entre les deux parties contractantes, le prêteur des titres et le prêteur du numéraire". Ce qui au final permet la production d'un bilan comptable erroné.

Ainsi cette crise de confiance aura alors pour conséquences une crise de solvabilité.

En France les banques françaises ont racheté en quantité énorme aux banques américaines beaucoup de titres et actions,  les incorporant par le fait même dans les comptes des particuliers ou encore des PME à travers les SICAV ou ODDO et ce en contrepartie de fortes commissions sur des crédits nocifs. Par voie de conséquences l'affolement des marchés était à son comble et en France l'indice du CAC 40 affichait pour la période du 6 au 10 octobre une chute de 22% de sa valeur.

 

Toutefois si c'est dans ce contexte que s'inscrit l'histoire de l'affaire Kerviel/ Société Générale on ne saurait décrire et écrire les faits en faisant porter le chapeau du " trou" enregistré par la Société Générale ainsi que la dépréciation de ses créances exclusivement à la crise des Subprimes mais plutôt à un problème de gestion auquel s'est ajouté depuis 2008 de nombreuses turbulences et les affres de la justice. 

 

Crée à son origine le 4 mai 1864 par un groupe d'industriels dont Paulin Talabot et la famille Rothschild pour favoriser le développement du commerce et de l'industrie, la Société Générale est avec le Crédit Lyonnais et BNP Paris Bas l'une des plus anciennes banques françaises. Privatisée le 29 juillet 1987 elle s'est spécialisée au fils des ans dans la finance, le service bancaire les assurances et le conseil en s'appuyant sur son slogan " Developper ensemble l'esprit d'équipe".

Pourtant le 4 février 2008 elle se voit renvoyée en correctionnelle par le juge Simeoni pour "trafic d'influence, corruption passive, blanchiment aggravé et recel provenant d'abus de biens sociaux" avec quatre de ses cadres dans le cadre du procès du Sentier 2 ( le pendant du Sentier 1) mettant en exergue l'implication de personnes et commerçants qui dissimulaient une fraude fiscale à travers un vaste trafic franco-israëlien en endossant des chèques suivant la règlementation en Israël contre le versement de liquidités moyennant alors rétributions en renvoyant ensuite les chèques en France . Pourtant le 11 décembre 2008 son image et ses cadres ressortent blanchis de la lessiveuse.

Deux mois après le 4 avril 2008 la Société générale annonce sa séparation suite à l'affaire Kerviel d' avec son grand patron: Daniel Bouton et nomme aux commandes Frédéric Oudéa.

 

Déroulement des faits 

 

En effet au cours du week end du 19 et 20 janvier 2008 la Société Générale s'est retrouvée avec une "position ouverte" de 50 milliards d'Euros misant sur la hausse du marché. Des positions qui le 20 janvier 2008 se décomposaient de 30 milliards d'Euros de " Futures" sur l'indice EUROSTOXX, de 18 milliards d'Euros sur celui du DAX et de 2 miliards d'Euros sur l'indice FTSE ou Footsie ( Financial Times Stock Exchange représentant les 100 entreprises anglaises les plus côtées à la bourse de Londres).

Dans deux rapports de son inspection générale datés du 20 février et du 23 mai 2008 rendus publics et mis en ligne sur le WEB la Société générale stipule que "les contrôles ont été dans l'ensemble effectués conformément aux procédures mais n'ont pû identifier la fraude qu'à partir du 18 janvier 2008 suite aux techniques de dissimulation employées par celui qu'elle accuse de fraude: leur trader Jérôme Kerviel. De plus le rapport de synthèse du 20 mai 2008 évoquera des éléments de complicité d'un assistant trader agent du Middle office ."

Daniel Bouton informe alors le gouverneur Noyer de la Banque de France , le secrétaire général de l'AMF ( la Commission des marchés) ainsi que le comité des comptes de la banque de sa décision de liquider au plus vite par le biais d'un trader unique les positions dangereuses prises par son trader Kerviel . Car la perte de la société générale s'élève à 4, 82 milliards d'Euros. L'enquête policière ( débutée le 24 janvier 2008) ,  judiciaire et de l'AMF fera apparaître l'existence réelle d'une perte sèche de 6, 5 milliards d'Euros auquels la banque avait soustrait 1, 4 milliards de bonus que Jérôme Kerviel lui avait fait gagner le 31 décembre 2007 pris en compte d'ailleurs dans l'exercice comptable de 2007. Mais l'enquête constatera aussi l'omerta inhérente à " la fraude" et  le ménage fait en interne par la Société générale avant de porter sur la place publique le jeudi 24 janvier 2008 l'annonce tonitruante du montant abyssal de ses pertes causé par un de ses traders qualifié par la banque "d'escroc" , le faisant passer pour un véritable mouton noir de son Desk; lequel  aurait blousé la grande et vénérable Dame financière sur des contrats à terme dont il aurait masqué et dissimulé ses positions et opérations fictives en prenant d'énormes risques. Ce qui par voie de conséquences aurait obligée cette dernière à liquider ses positions.

C'est ainsi que Jérôme Kerviel sortait de l'ombre des marchés pour connaître celle encore plus obscure de la prison où il fut incarcéré du 8 février 2008 au 18 mars 2008 , puis sous contrôle judiciaire du 28 janvier 2008 au 7 février 2008 , mis en examen, répondant à une quinzaine d' interrogatoires et pas moins de seize confrontations pour être renvoyé finalement en correctionnelle par l'Ordonnance du 31 août 2008 des magistrats instructeurs Van Ruymbèke et Desset pour les chefs d'accusation de première instance de: " faux et usage de faux relatif aux fausses prises de positions et faux courriels pour les justifier, introduction frauduleuses de données dans un système automatisé suite à l'usurpation des codes d'accès d'un tiers pour annuler ses opérations , tentative d'escroquerie justifiée par l'obtention d'un bonus supplémentaire , abus de confiance portant sur les biens de tiers avec le dépassement du mandat de gestion portant sur des valeurs  s'agissant de positions irrégulières prises à hauteur de 50 milliards d'Euros. "

Un procès qui s'est déroulé en première instance du 8 au 25 juin 2010 où le trader fut condamné dans le rendu du jugement le 5 octobre 2010 à cinq ans de prison dont trois ferme et à rembourser à la Société Générale au titre de dommages/ intérêts la modique somme de 4, 9 Milliards d'euros.

Une décision frappée d'Appel où il ne restera que trois chefs d'accusation " faux et usage de faux, abus de confiance et pénétration d'un fichier informatique " , des faits réprimés par les articles: 441-, 441-10 et 11 du CP, 314-1, 314-10 et 323-3-5 du Code Pénal avec en primes le changement d'avocats passant du cabinet Metzner via celui de David Koubbi .

Un procès qui s'est déroulé du 4 au 28 juin dernier et dans lequel au titre de la défense de son client pour lequel cet avocat n'a pas ménagé sa peine et ses réseaux,  a avancé la thèse "du complot axée sur le fait que la hiérarchie du trader avait laissé ce dernier prendre d'énormes positions spéculatives afin de pouvoir masquer le moment venu les pertes de la Société Générale liées à la crise des Subprimes "et par le fait même la mise en exergue de la responsabilité de la banque au titre d'employeur de son salarié. Cette dernière thèse sur la responsabilité de la banque suivie aussi par les défenseurs des salariés de la Société générale Maîtres Valeanu et Richard.

 

Après les spéculations financières vient le temps des spéculations psychologiques

 

Alors qui êtes vous Monsieur Jérôme Kerviel posait à titre de question le président du procès de première instance Dominique Pauthe déstabilisant quelque peu le prévenu. Une question à laquelle Maître Metzner a répondu dans sa plaidoirie de première instance du tac au tact en demandant:

"Qui êtes vous Société Générale". " Comment et qui a fabriqué Jérôme Kerviel et par quels moyens ?..." La Société générale , un des fleurons de l'Institution financière qui ne saurait pas alors former sans les déformer ses traders? L'élève a-t-il alors dépassé le Maître? ".

Est - ce que comme aurait pû paraphraser feu l'humoriste Coluche "C'est l'histoire d'un mec qui a fait un casse de 4, 9 milliards d' Euros ...bang...t'as bien fait...mais t'as oublié de te casser alors...pauv ' con...bang !!! ".

Alors...?

C'est l' histoire banale d'un jeune trader arrivé de sa province et monté à Paris pour faire carrière dans le monde de la finance et qui s'est révélé au cours de l'enquête normal, désespérément normal . Un mental dans la norme corroboré par un QUI en rapport . Pas de signes intérieurs de richesse encore moins extérieures stigmatisés par quelques clichés à travers l'utilisation d' une Porsche ou d' une Ferrari ; pas d'avantage de bijoux ou d'hôtel particulier , de placements financiers , encore moins de résidence secondaire. Juste son appartement de Neuilly où il rentrait le soir . Pas un profil de surdoué de la finance à la Alfred Einstein ni celle version Gatsgy le Magnifique le héros de Scott Fitzgerald encore moins celui de l'Arnaque de Roy Hil ...Certes les surdoués se comptent sur les doigts de la main et n'est pas Robert Redford non plus qui veut...mais juste une vie de labeur intense de cadre dynamique soigné au costume bleu nuit bien taillé sur quelque chemise rose , ponctué par quelques virées entre potes ou avec son amie du moment . Mais dans le concret une " vie de gagneuse" comme il s'était décrit et décrié lors de ses interrogatoires. Ou disons que dans un jeu de rôles ayant pour cadre l'émission animalière 30 mIllions d'Amis, ce dernier pourrait endosser celui d'un Jack Russel , cette race de Fox pugnace et combatif qui s'attaquerait à un gros chien rongeant son os endossant pour le coup celui de Dogue Anglais .

Né le 11 janvier 1977 à Pont-Labé dans les Côtes d' Armor d'une famille plutôt modeste qui va lui inculquer les valeurs bretonnes, le trader fera des études économiques car il semble avoir des prédispositions dans ce domaine. Il sort en effet diplômé en 1999 de l'Institut de finances de Nanterre puis obtient à Lyon en 2000 un DESS en organisation et contrôle des marchés financiers . Le 1er août 2008 il est recruté par la société générale sur la base d'un "contrat de travail" classique  requalifié par la Société générale comme un " mandant" avec à la clé un fixe et des bonus discrétionnaires .

En 2004 il devient assistant trader au Middle office. En 2005 il intègre le Front office et devient Trader ou" passeur d'ordres" appartenant désormais au prestigieux Desk Delta One Listed Products de la banque de la Société générale.

 

Quelles sont alors les fonctions du trader?.

 

Quelques définitions s'imposent afin de comprendre l'enfumage financier auquel tout quidam peut-être confronté quand il ne maitrîse pas les codes financiers ; une situation que l'on peut retrouver d'aileurs dans le secteur médical lorsque ces deux secteurs emploient leur jargon spécifique mais si barbare pour les profanes.

Dans un premier stade, tout trader conclue des opérations impliquant une contrepartie signifiées par un courriel  et correspondant à une pré-confirmation.

Là intervient alors le Back Office en charge du traitement comptable et administratif des opérations traitées par les traders.  Le Back Office doit obtenir alors la confirmation auprès de la contrepartie; il effectue aussi les paiements de ces opérations après s'être assuré de la bonne réception des fonds et assure aussi la livraison et la réception des valeurs mobilières et comptabilise les opérations.

Le Front Office correspond à une unité administrative , à un groupe chargé de traiter les opérations de marché ainsi que les risques de taux et de change. Il est contrôlé par le Middle Office.

Le Middle Office lui constitue le lien entre le Front Office et le Back Office. Il effectue la normalisation des opérations traitées par les traders et les transmet au Back Office qui les traite.

Le Desk est supervisé et relève du département arbitrage où J. Kerviel a été formé et formaté par la Société générale .

A la société générale le Desk se compose de 143 traders qui consacrent  leurs activités à celle de l'arbitrage .

Pour le trader Kerviel la Société générale a toujours été la banque de référence et ce dernier n'aura qu'un objectif " celui de faire gagner de l'argent à son employeur".

J. Kerviel gérait le Market Making des titres Turbo Warrants émis par la Société générale et avait donc une position d'arbitre sur ce marché lors de leur émission notamment par la concurrence. Chaque prise de position était censée être couverte par une opération en sens inverse. La stratégie mise en place par la banque consistait à émettre des produits financiers , à les définir à travers leurs caractéristiques et leurs prix , puis à les vendre à la clientèle devant leur assurer une certaine liquidité.

Mais la banque se lance alors dans une nouvelle stratégie : celle de l'arbitrage où la banque agit alors pour son propre compte et où elle a un statut de " propriétaire".  La fonction d'arbitrage se bornait alors pour le jeune trader à acheter des "Turbos calls " de la concurrence et à les couvrir par le biais de " Futures" ou " Forward" sur le même indice que celui du Warrant.

Toutefois la stratégie spéculative de J.Kerviel était basée sur une " barrière désactivante" et jouait sur l'écart des cours intervenus après clôture du marché ou de l' heure d'ouverture le lendemain.Ce qui semble curieux est que les Warrants n'existaient plus quand les barrières étaient atteintes . Une telle situation nécessitait alors une prise deposition dite directionnelle.

On constate alors des prises de positions et une spéculation effrénée de la part de J.Kerviel et des prises de positions directionnelles constantes , le trader se livrant à un véritable jeu de YOYO financier : un million sur une journée , puis 5 millions d'Euros en 2006 puis 49 millions d'Euros allant même jusqu'à 135 millions d'Euros malgré un seuil à ne pas dépasser de l'ordre de 125 millions d'Euros qui sera constamment dépassé par de nombreux traders du Desk Delta One auquel appartient Kerviel. La chance tourne et en 2007 il affiche déjà une perte de _ 2, 5 millions d'Euros pour en re gagner 500 millions, puis 1, 4 milliards fin 2007.

Quand la réalité dépasse le virtuel, la spéculation qui se quantifie en terme de recherche absolue de dérivés plus ou moins parfois toxiques provoque alors la dérive du trader qui le mènera à sa propre perte.

Il a reconnu qu'il " était pris dans une véritable spirale, un réel engrenage  et qu'il avait effectivement saisi des positions fictives dans la base de données Elliot afin de masquer ses positions et ses résultats . Qu'il utilisait les mêmes instruments financiers en faisant apparaître des gains ou des pertes qui contrebalançait les vrais résultats".

Mais J.Kerviel soutient que "sa hiérarchie a toujours été au courant de ses prises de positions et que même masquées ces dernières avaient des conséquences visibles sur sa trésorerie, ses fonds mis en jeu et ses résultats ". Que la Société générale le laissait passer , le laissait  faire en toute connaissance de cause".

 

La première alerte vient d'Eurex en novembre 2007 ; la société boursière en matière de produits dérivés basée à Francfort avait repéré les opérations anormales de Kerviel effectuées sur le marché allemand . Alors pourquoi à Paris la Société générale n'a pas remarqué en interne les agissements de son employé?

Eurex se fendra à cet effet de deux courriers les 7 et 26 novembre 2007 via le service de déontologie de la Société générale concernant le volume énorme des " futures" Eurostoxx et Dax traités par les prises de positions du trader. Pour Eurex les appels de marge étaient largement dépassés mais comme en outre la Fimat, chambre de compensation de la CIty qui gère les appels de fonds et enregistre les opérations au sein de sous comptes ouverts à la demande de la banque , dans la foulée augmentait de 10 à 15% les positions, Eurex pense alors que le trader avait l'aval de sa direction. Toutefois au vu d'une subite augmentation en deux heures d'un peu plus d'un million de " Futures" Eurex s'affole et demande des explications à la Société générale .

Comment peut-on alors au vu des nombreux contrôles à franchir et franchis la Société générale ne pouvait rien voir .

 

Quand la société générale est épinglée par la Commission bancaire.

 

Dans un rapport daté du 3 juillet 2008 et publié le 4 juillet , la Commission bancaire prononce un blâme à l'encontre de la Société générale ainsi qu'une sanction pécuniaire d'un montant de 4 millions d'Euros pour le motif : 

 

"Infractions commises graves" établissant par le fait même la notion de responsabilité à son encontre : " Le fait que ces lacunes n'aient pas été connues par la Direction qui ne pouvait y rémédier, ne peut être invoqué par la Société Générale pour s'exonérer de sa responsabilité au regard de la règlementation bancaire , qu'ainsi la Société Génrale a enfreint plusieurs dispositions essentielles de la règlementation applicable en matière de contrôle interne".

La commission bancaire a dressé un éventail des infractions relevées en matières de défaillances et carences suite à ces prise de positions de l'ordre abyssal de 50 milliards d'Euros. Pouvait-on traiter l'argent des actionnaires , particuliers , clients et petits porteurs virtuellement ou comme on jouerait au Monopoly?

Selon la commission bancaire la Société générale pâtie "de graves défaillances en matière de contrôle hiérarchique".

De plus il apparait que cette dernière n'appliquait pas la procédure en matière de congés nécessaire dans ce type de fonction sujette à un stress permanent. Il est relevé aussi des lacunes et une insuffisance de moyens concernant les contrôles permanents  sur le suivi des marchés, le dispositif des limites de l'activité du Desk Delta One inadapté ainsi que l'absence de mesures corrigeant les failles mises en évidence par l'inspection interne. Mais la commission bancaire relève surtout le manque d'indépendance des traders vis à vis des opérations prises et la trop grande liberté de ces derniers en matière informatique alors que la règle première qui s'impose est la stricte indépendance entre les unités chargées de l'engagement des opérations et celles en charge de leur validation comptable ce qui se traduisait par une immixtion entre les données de gestion et celles comptables .

 

De la responsabilité de la Société générale.

 

Le Larousse Illustré définit la notion de responsabilité de la façon suivante : du latin respondere: se porter garant, répondre de quelqu'un.

Soit: répondre de ses propres actions ou de celles d'autrui dont il a la charge.

soit:  " l'obligation de réparer le dommage causé à autrui par soi-même, par une personne qui dépend de soi, ou par un animal ou une chose qu'on a sous sa garde. // Obligation de supporter le châtiment prévu pour l'infraction qu'on a commise//Capacité de prendre une décision sans en référer préalablement à une autorité supérieure//Nécessité pour un ministre d'abandonner ses fonctions lorsque le Parlement lui refuse sa confiance//Responsabilité collective, fait de considérer tous les membres d'un groupe comme solidairement responsables de l'acte commis par un des membres de ce groupe.

En droit français la responsabilité s'analyse dans les faits et les actes et se définit dans les Articles de  Loi 1382 à 1386 du Code Civil.

Deux principes composent la notion de resposabilité: la notion de responsabilité civile délictuelle et la notion de responsabilité contractuelle. Lorsque la responsabilité trouve son origine dans une infraction commise à l'encontre de l'ordre public on parle alors de responsabilité pénale.

En effet si un évènement comme un accident est à l'origine de la responsabilité et si le fait est volontaire  , on parlera alors de responsabilié civile délictuelle ; si le fait n' est pas volontaire on parlera alors de responsabilité quasi délictuelle.

En terme de contrat par exemple on parlera alors de responsabilité civile contractuelle.

La responsabilité pénale elle n'est engagée qu' à partir du moment où l'individu a commis une faute prévue par le Code pénal tels: une contravention, un délit ou un crime.

En matière de responsabilité civile on retiendra trois conditions:

_ L'existence d'un dommage ou d'un préjudice

_ l'existence d'une faute quelle soit volontaire ou pas

_ L'existence d'un lien de causalité ou de lien de cause à effet entre le dommage et la faute.

 

Lorsque ces deux conditions sont réunies, la responsabilité civile implique la création d'une obligation de réparation de la part de l'auteur du préjudice comme souvent la notion de dommages / intérêts.

 

Art 1382 du CV: " Tout fait quelconque de l'homme qui cause un dommage à autrui , oblige celui par la faute duquel il est arrivé , à le réparer".

 

Art 1384 al 1 du CV: " On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ou des choses que l'on a sous sa garde".

 

Ainsi tout employeur est responsable des dommages causés par ses salariés dans l'exercice de leurs fonctions.

Par exemple une société de transport est responsable d'un accident causé par son chauffeur.

Car on considère qu'il en va de la responsabilité des commettants du fait de leurs préposés . En règle générale le commettant est un employeur et le préposé : le salarié.

Même si le commettant conserve un recours contre son préposé fautif  il reste directement responsable devant la victime.

 

Concernant les moyens de défense des causes d'exonération de responsabilité: il s'appuie sur les critères à étudier "du fait imprévisible, irrésistible et insurmontable qui peut alors éliminer la réparation."

 

Il résulte alors de la prise en compte de cas de force majeure par le fait de la victime par le fait d'un tiers. Cela renvoie à la responsabilité contractuelle : il faut alors étudier "la faute résultant de l'inéxécution du contrat et les dommages subis par les créanciers ainsi que les liens de causalité entre la faute et le dommage. Dans ce cas il s'appuie sur la notion d'engagement et de résultat."

 

Toutefois on ne peut avoir analysé le Système bancaire sans le replacer dans le contexte de l'analyse Systèmique du Système en général. Car le Système bancaire n'est-il pas un sous- système du Système et en tant que tel n'est -il pas régi comme les autres sous-systèmes par un ensemble d'interactions entre elles et ses membres selon les analyses reconnues de Joseph Aloïs Schumpeter éminent sociologue et économiste Allemand, s'inspirant aussi des thèses de Max Weber  ? Chaque sous-système suivant le schéma des tables gigognes ou des poupées russes renvoit à des sorties: offres ou  "output" et répondent à des demandes: " inputs".

C'est ainsi que ces sociologues et politologues ( dont les théories font toujours référence à ce jour) définissaient l'évolution économique mondiale "organisée" par  les nouveaux acteurs économiques (dont est  partie prenante le système bancaire) qui  créent à travers l'activité de leurs entrepreneurs et de leurs comportements sociaux culturels peu orthodoxes un nouvel ordre économique , bouleversant ainsi les institutions de l'Etat de droit et ébranlant l'ordre civique et public dans ses fondamentaux par l'intrusion de l'intérêt au détriment de l'intérêt général.

Car dans ce contexte où l'on parle de montants se quantifiant en millions et en milliards tantôt en Euros , tantôt en dollars, qu'on peut se poser une question sur ces produits financiers avec lesquels le système bancaire a joué: 

ont-ils transité dans les paradis fiscaux ? quand on sait qu'une étude faite par le magazine Alternatives Économiques avance que BNP Paris Bas, Crédit Agricole et la Société Générale disposent de 361 entités offshore? , que les entreprises du CAC 40 ont 1500 filiales dans les Paradis Fiscaux et qu'en Europe l'évasion et la fraude fiscale représenteraient 1000 milliards d'Euros par an. Dans les pays du sud la fuite des capitaux fait perdre chaque année 125 milliards d'Euros de recettes fiscales selon le Global Financial Integrity.

Quant à la Commission Européenne, cette dernière estime que la taille de l'économie souterraine serait comprise entre 7% et 16% du PIB de l' UE. En France elle serait de l'ordre de 9% et 13% du PIB.

 

Alors pourquoi pas après tout dans ce contexte de dérives et de dérivés économiques sociales et surtout morales ...quelque rapatriement de ces fonds de ces horizons si lointains et prendre enfin une bonne position directionnelle afin de couvrir ce trou abyssal en s'appuyant sur le slogan de la Socité générale ?:

 

" Développons ensemble l'esprit d'équipe ".

 

LOUISE DE LOU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

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